Depuis quelques mois, nous sommes deux à nous partager mon corps. Deux à marcher à chacun de mes pas, deux à nous priver de fromage au lait cru et d’oeufs bénédictines, et deux à filer sous la couette à l’heure où normalement on enchaîne les épisodes. Bon, en réalité, cela ne fait pas trois mois mais cinq que je ne fais plus rien seule, sans ce petit bout de nous logé derrière mon nombril.
Il n’aura pas été facile de garder le secret, mais je voulais être sûre que tout aille bien (et qu’on ait prévenu nos familles) avant d’écrire ceci noir sur blanc par ici… Comme Meghan et Harry, on accueillera un mini-nous au printemps 2019!
Parce que beaucoup de nos proches sont loin et que ce blog me permet de partager un brin de notre quotidien tout en consignant de jolis souvenirs, j’ai eu envie d’entamer une nouvelle série d’articles au sujet de cette aventure qui débute. Non, le blog ne se transforme pas en « blog de maman ». Mais comme il reflète qui je suis, ce que je découvre et ce que j’aime, cette nouvelle facette de notre vie y a sa place tout naturellement. Ce nouveau sujet est prêt à se glisser entre les carnets de voyage, les adresses gourmandes et les chroniques de notre vie québécoise.
Sans plus tarder, voici le bilan de mon premier trimestre de grossesse au Québec.
La belle nouvelle
Ce projet de bébé, il a été réfléchi, voulu et bien pensé… J’ai 34 ans, un boulot qui me plaît et aucun souci de visa. Monsieur et moi avons passé près de la moitié de notre vie ensemble. Et quand c’est arrivé, je venais tout juste de livrer le manuscrit de mon nouveau roman. Il ne pouvait clairement pas y avoir de meilleur timing!
En prime, nous avons eu la chance de voir arriver ce mini-nous très très vite. Pour ne pas dire tout de suite. Sans calcul, sans tentative infructueuse, sans déception ni mauvaise nouvelle. Je sais que malheureusement, c’est très loin d’être le cas pour la majorité des couples. Et je ne voudrais pas cracher dans la soupe VGE de feu monsieur Bocuse ou pousser mémé dans les orties (aussi bien équipée soit-elle!), mais il n’empêche, la découverte de ma grossesse a été un choc pour moi! Quand le test s’est révélé positif, ça a été un peu la panique dans mon ciboulot. En plus de ce gros changement de vie à venir, j’ai été assaillie de mille et une questions… Je fais quoi maintenant? Comment ça se passe au Québec? Et quand on n’a pas de médecin de famille, on se tourne vers qui? Puis le congé maternité, ça fonctionne comment ici?
Nous avons appris la belle nouvelle le 1er juillet – jour de fête nationale canadienne – et je crois qu’on a passé le reste de cette journée fériée à faire des recherches sur internet!
Mais mis à part ce coup de stress, j’étais bien heureuse d’apprendre qu’un petit cœur s’apprêtait à battre sereinement à quelques centimètres du mien. ♥
Mes symptômes au premier trimestre
> Les changements de peau
Mon tout premier symptôme, avant même le retard de mes règles, a été un assèchement soudain de ma peau. Ça me grattait tellement les bras, les jambes, le ventre et le dos que j’ai d’abord cru à une allergie. À ce nouvel exfoliant au café? Pas possible, je n’en ai passé que sur mes jambes! Au soleil? Encore moins plausible, j’enchaîne le boulot et la rédaction de mon deuxième roman ; je ne prends quasiment plus l’air! Au pollen? L’acupuncture semblait pourtant avoir bien marché sur mes sinus et réussi à endiguer ces cascades de larmes et de joyeusetés nasales… Après coup, quand j’ai découvert ma grossesse, j’ai alors fait le rapprochement.
> Les règles fantômes
Après les démangeaisons, le ballet des festivités menstruelles s’est entamé… bien le bonjour cher acné, fringales grasses et sucrées, poitrine douloureuse, maux de tête percutants et crampes harassantes! Comme j’avais un léger retard et quelques premiers doutes, je me suis dit que les copines étaient sûrement sur le point de me rendre visite après un petit détour improvisé. Et ben non! Tous les symptômes des menstruations étaient présents, mais mes règles ne se sont jamais pointées. C’était donc le moment d’aller pisser sur le bâtonnet!
> La fatigue
Une semaine après avoir appris que j’étais enceinte, nous partions pour un road-trip de 15 jours en Gaspésie, avec moitié des nuits en camping. C’était un beau voyage et la Gaspésie est une région du Québec à ne pas manquer (promis, je vous prépare bientôt une série d’articles sur nos vacances là-bas), mais la formule n’était pas la mieux adaptée à un premier trimestre de grossesse. Non seulement, les hormones jouaient sur mes capacités pulmonaire et intellectuelle (j’étais sans cesse à bout de souffle et à bout de mots), mais en plus, je peinais à rester éveillée après 20 h. Avec des nuits de 12 heures à chaque fois, j’ai donc peu profité des feux de camp, mais beaucoup de la tente!
> Les nausées et dégoûts
Aux alentours de la 5e semaine, en plein voyage, les nausées ont commencé à venir me chatouiller l’estomac et elles ne m’ont plus quittées jusqu’à récemment, à la fin du 4e mois. Curieusement, je n’en avais jamais au réveil. Elles venaient plutôt m’embêter au milieu de la journée pour me harceler en soirée… jusqu’au point où je n’étais pas capable de boire, manger ou même discuter. Même scroller à travers mon flux Instagram me donnait mal au cœur. Je n’avais plus qu’une envie: me rouler en boule et essayer de m’endormir pour que ça passe.
L’été a été vraiment difficile entre les températures caniculaires qui ont terrassé le Québec et les journées au boulot à passer mon temps devant des photos de bouffe en serrant les dents. Sans compter sur l’entrée en scène des dégoûts. Adieu légumes, tomates, viande et poisson! Je me suis nourrie de pain, de pâtes, de yaourt et de fruits pendant plusieurs mois. Comme l’eau me rebutait également, je me suis déshydratée. Après un malaise au bureau, j’ai dû passer une journée à l’hôpital, branchée à une perfusion, pour reprendre un peu du poil de la bête. J’en suis sortie requinquée mais surtout en possession d’un précieux document: une ordonnance de Diclectin! Ce médicament m’a permis d’atténuer les nausées et de pouvoir reprendre une vie quasi normale.
Les premiers ballonnements
Mon ventre a mis beaucoup de temps à se dessiner. Encore aujourd’hui, selon la tenue que je porte, ma bedaine a parfois plus l’allure d’un lendemain de raclette décadente que d’une tanière chaleureuse. Et il est rare qu’on me cède une place dans le bus ou le métro. Mais ce premier trimestre a tout de même été le témoin de quelques premiers changements: les seins qui gonflent, le ventre qu’il n’est plus possible de rentrer et enfin, le petit bidon qui ne tient plus dans le pantalon!
Le suivi de grossesse et les démarches au Québec
Pas facile de se sentir enceinte durant les premiers temps au Québec… Une fois que le test s’est révélé positif, il va falloir vous armer de patience car vous ne verrez pas de médecin avant 10 semaines. En effet, ici, le pipi sur le bâton fait foi. Il n’y a pas de prise de sang pour contrevérifier la bonne nouvelle et mesurer le taux d’hormone HCG dans votre sang, ni d’examen de routine pour s’assurer que l’embryon est bien placé et que vous ne risquez pas de vous vider de votre sang en raison d’une grossesse extra-utérine.
Par contre, n’en profitez pas pour vous endormir sur vos lauriers car il y a déjà beaucoup de démarches à faire:
– trouver un docteur pour le suivi de votre grossesse si, comme nous, vous n’avez pas de médecin de famille.
– vous inscrire à l’hôpital ou à la maison de naissance où vous souhaitez accoucher.
– Prendre rendez-vous pour la première échographie des 12 semaines, voire même déjà pour l’écho de morphologie des 5 mois.
– vous inscrire sur la liste d’attente des garderies de votre secteur ou qui vous conviennent sur le site Place 0-5 (inscription obligatoire si vous souhaitez une place).
De mon côté, je savais déjà que je voulais accoucher en hôpital et avoir accès à la péridurale (ou l’épidurale comme on dit par ici). Qui plus est, je visais le CHUM: un hôpital récemment rénové où plusieurs de mes amies avaient eu une belle expérience d’accouchement. Peu m’importait que ce soit un établissement universitaire où je risquais d’être confrontée à des internes – il faut bien que les médecins se forment et débutent quelque part. Mais tout ceci est une démarche très personnelle alors allez-y selon vos envies et votre instinct.
Comme je savais que je voulais accoucher au CHUM, j’ai choisi mon médecin en fonction de ça. J’ai donc recherché quelles cliniques (comprendre cabinet médical) et quels gynécos-obstétriciens dépendaient de cet hôpital. Je suis tombée sur la Clinique de périnatalité Jeanne-Mance, idéalement située entre la maison et le boulot. L’inscription au suivi de grossesse se faisant uniquement via répondeur, j’ai tenté ma chance, laissé toutes mes infos personnelles dans la boîte vocale et croisé fort les doigts et les orteils. Deux jours plus tard, on me rappelait pour me confirmer que j’avais une place à la clinique et que je devais à présent m’inscrire à l’hôpital et y prendre rendez-vous pour mes échographies.
Mon premier rendez-vous de suivi a donc eu lieu à 10 semaines de grossesse, ou plutôt d’aménorrhée. Car au Québec, on calcule la date de votre terme à partir du premier jour de vos dernières règles et une grossesse dure 40 semaines (contre 41 semaines en France). On pensait entendre déjà le cœur du bébé ou le voir lors de ce premier rendez-vous mais que nenni! Il s’agit plutôt d’une première discussion pour faire le point sur votre santé, vos antécédents familiaux, ceux du papa,… Puis on vous prend la tension, on vous pèse, on vous remet le livre Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à 2 ans et basta.
Pour rencontrer notre bébé et même être sûr qu’il était encore là, il a donc fallu attendre la première écho! Enfin presque. Lors de mon hospitalisation pour déshydratation, le médecin a fait une rapide échographie pour s’assurer que le bébé allait bien. Nous avons donc pu le voir en avant-première et observer son petit cœur battre à l’écran. Il aurait pu se passer quoi que ce soit dans le monde à cet instant, rien n’aurait pu nous détourner de ces images.
À la 12e semaine, nous avons pu en voir plus et constater avec joie et soulagement qu’il avait ses principaux organes et ses quatre membres. À cet âge-là, le technicien vérifie le cerveau, l’estomac, le cœur et la vessie du bébé. Il mesure également la clarté nuccale – l’espace entre la peau de la nuque et le haut de la colonne vertébrale qui permet de dépister la trisomie 21. C’était à la fois émouvant et surprenant de voir le bébé déjà si bien formé et surtout de l’observer gigoter dans tous les sens alors que je ne percevais encore pas le moindre mouvement dans mon ventre. Nous n’avons pas pu découvrir le sexe tout de suite (en hôpital, ils évitent de le dire si tôt car l’avortement est encore possible…) mais nous avons eu une petite surprise: la date de mon terme a été avancée de 3 jours.
Une fois que l’on a trouvé un médecin, le suivi de la grossesse se fait régulièrement avec un rendez-vous toutes les 4 à 6 semaines. On est donc très bien prise en charge. Mais j’ai trouvé cela difficile de m’informer en amont de cette première rencontre. Certes avec internet, on a aujourd’hui accès à une mine de conseils et de renseignements. Mais c’est parfois trop! Sans mentionner les sons de cloche qui diffèrent entre la France et le Québec.
Les blogs de mamans québécoises ou d’expatriées ont été mes meilleurs alliés durant cette période. C’est pourquoi j’ai écrit une tartine à cinq étages aujourd’hui… Dans l’idée que ça pourra peut-être être utile à quelqu’un un jour!
Mes premiers craquages
Par superstition, je n’ai pas acheté grand chose pour le bébé au cours de ce premier trimestre. Si ce n’est de l’acide folique pour mettre toutes les chances de son côté et lui offrir une colonne vertébrale bien terminée. Mais j’ai tout de même craqué pour:
– un premier doudou: un adorable petit mouton trouvé à l’aéroport d’Aberdeen lors de mon voyage en Écosse (ça aussi, je vous en reparle bientôt!)
– une magnifique poupée Petite Prunelle faite à la main au Québec
– et après la première écho, quand nous avons su que tout était beau, je me suis offert le joli livre de Geneviève Godbout, Tout petit toi, qui permet de consigner les souvenirs de bébé avec douceur et poésie.
Et vous, comment vous êtes-vous sentie durant les premiers moments de votre grossesse?
17 commentaires
Il y a quelques annees nous avions echangé un swap (je ne sais plus avec quel blog commun mais je t’ai suivi à partir de là) je suis ravie de partager un nouveau point commun avec toi puisque nous attendons aussi un ptit baby pour début mars et je reconnais bien les symptomes de cet été (j’ai perdu 13kg et meme si j’ai de la reserve -bcoup de reserves ^^) ça a été dur à gérer. Je te souhaite une belle grossesse 🙂
Oh on est synchro! 🙂 Félicitations à toi! <3
Est-ce que ça va mieux? Tes nausées se sont envolées?
Très belle grossesse à toi aussi.
enfin oui ^^ mais moi qui me réjouissais de belles raclettes cet hiver (au lait pasteurisé hélas mais quand même) , je tourne de l’oeil à la vue de fromage fondu ou de viande rouge -_- je ne suis que dépit ^^. il y a des sage-femmes indépendantes au Québec ou doit-on obligatoirement passer par des maisons médicales ou hôpitaux?
C’est fou ces dégoûts qui apparaissent du jour au lendemain! Moi, c’est le poulet rôti qui me rebute en ce moment. Impossible de passer devant une rôtisserie sans retenir mon souffle! ^^
Pour répondre à ta question, oui au Québec, il est possible d’accoucher dans une maison de naissance non médicalisée, juste encadrée par des sages-femmes. Il est également possible d’accoucher chez soi.
Félicitations à vous deux ! Quelle belle nouvelle !
Beaucoup de fatigue également pour mes deux grossesses, un peu de nausées, un dégoût de certaines odeurs pour Gaspard et surtout un odorat extrêmement développé, des contractions dès le 4eme mois dans les deux cas, le retour de l’asthme de mon enfance pour Gaspard et du diabète gestationnel pour Léa : pas facile de devoir être au régime quand tu as envie de te faire plaisir 😉
Bref pas mal de petits désagréments mais après c’est quand même tellement chouette !
Oh oui je croise les doigts et les orteils pour mon test de diabète… J-2!
Les repas sont déjà parfois compliqués à gérer entre les dégoûts et les interdits. Alors j’espère que je n’aurais pas à ajouter un régime par-dessus tout ça!
Félicitations ! Ton article me rend nostalgique de ma première grossesse puis de la seconde, la naissance de mon grand puis de ma puce ! Les petits désagréments, les premiers craquages, et tout çà ! Que du bonheur ma belle !
C’est fou tous les changements que notre corps traverse durant cette période. Et du jour au lendemain, tout peut changer. Toute une aventure! 🙂
Félicitations, une bien jolie nouvelle !
Merci beaucoup! Il y a des jours où je ne réalise pas encore… même avec un bidon bien plus gros! ^^
Félicitations ! En tous cas, pour les mille questions qui t’ont assaillies, je pense que c’est normal, quand on est enceinte, de se les poser 😉 Et je te remercie pour ce topo sur la grossesse au Québec !
Merci à toi!
[…] par ce symptôme affreux. Alors, c’est un garçon. Comme je vous le révélais dans mon article sur mes trois premiers mois de grossesse, je n’ai pas fait partie des chanceuses. Verdict: une […]
c’est tellement émouvant <3.
[…] semble être accaparé à d’autres tâches que celui d’enregistrer des informations. Au premier trimestre, je cherchais mes mots. Maintenant, je cours après mes mots, des noms, des rendez-vous, des bribes […]
[…] chapitre grossesse avec un récap’ de mon troisième trimestre! (Pour relire le billet sur mon premier trimestre c’est ici, et sur mon deuxième trimestre c’est […]
Merci pour ton article et tous ses détails. Moi même expatriée, perdue entre les différentes informations de France ou du Québec… « Ta tartine à cinq étages » m’est donc très utile (Je vais d’ailleurs passer en revue tout tes beaux articles 🙂 )
Je viens de finir mon premier trimestre, j’ai eu mon écho de clarté nucale à 12 semaines, j’ai entendu le coeur de bébé via un doppler à mon premier RDV de suivi… Moi aussi, ma date s’est avérée plus avancée. Et félicitations, bébé est née à l’heure où je t’écris, mais il est jamais trop tard 🙂