Nina vient d’avoir 10 mois et je m’apprête à reprendre le chemin du boulot demain après un long congé de presque une année. C’est tout un cocktail d’émotions qui me traverse depuis quelques jours… J’ai hâte, je dois l’avouer, de passer mes journées à faire des choses plus créatives que des montagnes de linge propre plié, des mimes de comptines et des pancakes aux céréales infantiles. Mais j’ai aussi le coeur un peu serré de me dire que la majorité du temps passé avec Nina va dorénavant se résumer aux routines du matin et du soir (en semaine en tout cas). Et, surtout, j’appréhende ce nouveau rythme à dompter et cette fameuse « conciliation travail-famille ».
Mais je mesure aussi la chance que nous avons eu de passer tous ces mois ensemble. Même si c’était parfois difficile et que je ne suis définitivement pas faite pour être maman au foyer, c’était une année incroyable. On a appris à se connaître. On a ri. On a pleuré. On a joué. On a parfois eu peur. On s’est câliné. On s’est promené. On s’est attendri. On s’est émerveillé. On a signé. On a cuisiné. On a voyagé. Et puis, on a grandi.
Retour sur ces 10 mois inoubliables, avec un petit détour sur le fonctionnement des congés parentaux au Québec.
Les congés maternité, paternité et parental au Québec
Au Québec, la politique familiale est, je trouve, très avantageuse. À l’arrivée d’un enfant, les parents bénéficient d’un long congé pour profiter de leur bébé durant sa première année de vie et s’adapter à leur nouveau quotidien.
(Je vous détaille ici le congé pour les parents biologiques et salariés. Ce principe s’applique également aux couples homosexuels formés de deux femmes, dont l’une d’elle est la mère biologique du bébé. Pour les travailleurs autonomes, parents adoptifs et couples homosexuels composés de deux hommes, ou si vous avez la moindre question, je vous invite à consulter le site du Régime Québécois d’Assurance Parentale (RQAP).)
Actuellement, il existe deux formules pour les nouveaux parents salariés:
– un régime dit « de base », avec un congé plus long et des prestations financières moins élevées
– un régime particulier, avec un congé plus court et des prestations un peu plus importantes
Le congé maternité est de 18 semaines pour le régime de base, avec une prestation hebdomadaire correspondant à 70% du salaire moyen. Pour le régime particulier, le congé maternité est de 15 semaines avec une prestation à 75% du salaire.
Le congé paternité est de 5 semaines à 70% du salaire pour le régime de base VS 3 semaines à 75% du salaire pour le régime particulier.
Le congé parental est de 32 semaines pour le régime de base avec 70% du salaire pour les 7 premières semaines, puis 55% du salaire pour les suivantes. Pour le régime particulier, c’est 25 semaines à 75% du salaire.
Ce congé peut être partagé entre les deux parents, équitablement ou non, et simultanément ou non.
Voilà un beau tableau récapitulatif pour synthétiser tout ça…
Source: rqap.gouv.qc.ca
Le salaire hebdomadaire moyen est calculé en fonction de vos revenus sur la dernière année. Certains employeurs (c’est notamment le cas du mien) propose de bonifier les prestations en ajoutant une part de salaire supplémentaire.
À noter qu’au Québec, tant que vous n’avez pas de problème de santé, vous pouvez continuer à travailler jusqu’à votre accouchement. Vous n’avez pas non plus de date limite pour annoncer votre grossesse (ou celle de votre conjointe) à votre employeur. Vous devez juste le prévenir de votre départ minimum 3 semaines avant celui-ci pour qu’il puisse prendre ses dispositions et éventuellement vous remplacer.
Un projet de loi (la loi 51) est en discussion pour notamment donner 5 semaines supplémentaires de congé paternité aux pères, prolonger de plusieurs semaines le congé parental des parents de jumeaux et offrir davantage de congé parental aux parents adoptifs (voire la même durée que les biologiques). À suivre…
Mon congé
Si vous avez bien suivi (et surtout, que mes explications étaient claires!), une maman peut donc prendre jusqu’à 50 semaines de congé payé. Pour ma part, j’ai opté pour la formule longue avec le régime de base. Mais je me suis arrêtée 42 semaines (+2 semaines de vacances) afin de donner une portion de congé parental à Monsieur. Cela nous a permis de passer plus de temps tous les trois et de rentrer en France pour un long séjour cet été afin de présenter l’héritière à toute la famille!
Février – Deux semaines de repos avant mon accouchement
Pour profiter le plus longtemps possible de leur bébé, les futures mamans québécoises ont tendance à démarrer leur congé maternité assez tardivement. J’ai suivi le mouvement et j’ai arrêté de travailler 3 semaines avant ma date prévue d’accouchement (le 14 février, je trouvais ça amusant!) J’ai donc passé presque 3 semaines (Nina est arrivée avec 4 jours d’avance) allongée sur le canapé à siroter des smoothies devant Netflix, à terminer d’arranger sa chambre, à finir son petit tapis de pompons, à lui construire un jeu d’éveil à l’Atelier du coin de la rue, à me prélasser dans un bain de sel au Spa Ovarium (dont je vous parlais ici), à me gaver de fruits (mon craving de femme enceinte!), à luncher avec des amies, à ne rien faire aussi… Ce qui ne m’arrive pas souvent, et encore moins maintenant!
Mars – Un mois dans notre nouvelle bulle
Quand Nina est née, Monsieur a tout de suite pris 4 semaines de son congé paternité. Nous nous sommes alors tous les trois blottis dans une petite bulle. De la taille de notre appartement au début. Puis de plus en plus grande au fil des biberons, des journées en pyjama, des horaires décalées, des bains, du premier restaurant et des sorties. Ce mois rien qu’à nous a vraiment été précieux pour trouver nos marques avec Nina, me remettre de mon accouchement, nous découvrir en tant que parents, trouver un équilibre dans ce nouveau quotidien, et simplement prendre le temps. C’était une période de chamboulements (hormonal et sur tous les plans!) mais j’en garde un souvenir doux comme un chocolat chaud.
Avril – Une semaine difficile
Monsieur a repris le boulot le 1er avril… mais je n’ai pas trouvé ça drôle du tout! Ça a même été un petit coup de massue. Je ne sais pas si Nina a ressenti son absence en journée, mais elle réclamait constamment les bras. Même pour faire ses siestes, il fallait qu’elle soit en permanence blottie contre moi, oreille contre mon cœur. Je ne pouvais pas bouger, ni la déposer. C’était donc compliqué de fonctionner au quotidien. Même aller faire pipi devenait toute une épreuve!
J’ai commencé à utiliser le porte-bébé en intérieur pour me libérer les mains. Et après quelques suées, j’ai très vite commandé une écharpe de portage. Le meilleur investissement pour les mois qui ont suivi!
Avril à Juillet – Grande visite, éveil et beaux jours
Les grands-parents sont tour à tour venus nous rendre visite et rencontrer leur première petite-fille. L’arrivée de ma maman a été une grande bouffée d’air frais après une première semaine à deux difficile. Outre ses bons conseils, elle m’a aidée à prendre confiance en moi pour les sorties. Je me sentais vulnérable sans mon gros ventre. Je n’étais pas très à l’aise avec les gens s’approchant de mon bébé. J’avais peur de sur-habiller ou de sous-habiller Nina. Et avec notre hiver sans fin, on a vite fait de choisir la solution de facilité et de se cloîtrer dans notre petit nid douillet à l’abri du monde extérieur.
À mesure que la sève est remontée dans les érables et que les feuilles ont percé les bourgeons, Nina s’est éveillée. Elle nous a offert ses premiers sourires, s’est intéressée aux livres, a découvert qu’elle pouvait produire des sons, a louché sur ses mains puis ses pieds, a manifesté ses préférences en matière de musique (coucou les rigolades sur Alouette, gentille alouette – alors qu’on est d’accord, cette chanson n’est pas très jouasse! D’ailleurs, je me suis rendue compte du nombre de comptines qui ont un côté dark… entre la souris verte qu’on trempe dans l’huile et l’équipage d’Il était un petit navire qui fait dans le cannibalisme, j’ai connu plus positif comme textes!)
Pour les 3 mois de Nina, nous nous sommes mis aux couches lavables (enfin, Nina s’y est mise!) et à l’hygiène naturelle infantile dont je vous reparlerai dans un article dédié au popo (hâte hein?!) Les journées sont devenues plus légères, même si les nuits étaient encore entrecoupés de réveils et d’un biberon. Aux siestes (dans son lit dorénavant!) et aux exercices sur le ventre pour contrer un début de tête plate sont venues s’ajouter de chouettes activités maman-bébé… On a suivi un atelier de langue des signes pour bébé chez Les P’tites Poires et une initiation à la Diversification Menée par l’Enfant (DME) chez Rose ou Bleu. Nina s’est éclatée avec des amis d’un jour à l’atelier comptines (qui malheureusement n’existe plus) de La culotte à l’envers. On s’est fait de longues promenades ponctuées de siestes au Jardin Botanique et on y a cherché les moutons qui y paissent (sans jamais les trouver!) On a été faire le plein de livres à la bibliothèque du quartier. On a immortalisé chaque mois anniversaire avec une petite photo souvenir.
Juillet à Septembre – Un été en France
Et puis, le temps est venu de manger autre chose que du lait en poudre. Avec l’accord de sa pédiatre, Nina a commencé à goûter aux céréales infantiles à 4 mois, et ensuite à ses premières purées (nous avons opté pour l’alimentation mixte: purées à 4 mois puis introduction progressive des morceaux façon DME vers 6 mois. Je vous en reparlerai également si ça vous intéresse.) D’abord la courgette, puis la carotte. Les grimaces face à ces nouveaux goûts et textures se sont peu à peu effacées pour laisser place aux sourires de plaisir et à la faim de découverte. Pile poil pour profiter des beaux produits de saison et des marchés de producteurs français!
Après une grosse crise de larmes sur le tarmac – ces parents qui se font dévisager par les passagers s’installant dans l’avion pendant que leur bébé hurle à la mort, c’était nous! – nous nous sommes envolés pour 6 semaines de vacances en France. Cette opportunité d’avoir autant de temps à notre disposition tout en recevant un revenu ne se représenterait pas de sitôt, alors nous avons bien profité… Vacances au bord de l’océan avec les copains, visite des grands-parents à l’ouest, visite des grands-parents à l’est, retrouvailles par dizaines, bons repas et apéros en pagaille. Le marathon s’est fait plus doux pour une fois et c’était vraiment agréable.
Nina était âgée de 5 mois pendant le voyage. J’ai trouvé que c’était un âge parfait. Elle ne gesticulait pas encore trop dans l’avion (si tant est qu’on respecte son sommeil et qu’on ne prenne pas un vol à 23h30!), dormait dans la voiture dès que nous prenions la route, avalait biberons et petits pots à température ambiante sans aucun caprice, ne ressentait pas encore la peur de l’étranger et faisait des sourires à tout le monde. Elle a vraiment été facile pendant tout le séjour et le décalage horaire s’est assez bien gérer. Le secret: caler tout de suite les repas et siestes sur le fuseau horaire local.
Septembre à novembre – Garderie, liberté et microbes
Aaah, je me souviens encore de cette sensation dans ma poitrine quand la garderie m’a appelée et que la nouvelle est tombée… Mon petit cœur de maman s’est recroquevillé en envoyant valdinguer un énième principe connement établi durant mon ancienne vie de nullipare. « Moi? Une maman poule qui a dû mal à couper le cordon? Jamaiiiiiis! » Pourtant, ma première pensée quand j’ai appris que nous avions décroché le graal pour septembre (soit une place en CPE aka garderie publique) a sonné comme un « Non, non, non. Je ne reprends le boulot qu’en janvier, je ne vais quand même pas la mettre en garderie dès septembre alors que je suis à la maison! »
Mais la raison m’a fait répondre toute autre chose: « Merci beaucoup pour votre appel, quand pourrions-nous venir visiter l’établissement? »
Il faut croire que Jiminy Cricket n’est pas complètement has been! Dès que nous avons passé la porte du CPE et rencontré son personnel (dont l’éducatrice qui s’occuperait de Nina), nous avons su qu’elle y serait super bien.
Après une courte période d’adaptation, une nouvelle routine s’est donc mise en place. Trois jours par semaine, Nina allait à la garderie, me laissant le champ libre pour vaquer aux corvées, reprendre tant bien que mal le chemin du blog et surtout souffler. Et je ne vais pas mentir… qu’est-ce que ça m’a fait du bien de retrouver un peu de liberté et de temps pour moi!
Les moments passés ensemble n’en étaient que meilleurs sans cette liste de choses non réglées en arrière-plan. D’autant que Nina s’épanouissait totalement à la garderie, faisant d’impressionnants progrès chaque semaine. Hop, la voilà qui fait bravo! Oh mais depuis aujourd’hui, elle fait bye-bye. Hein, mais elle sait faire les marionnettes aussi?! Bref, on a eu notre lot de petites surprises spécial parents gaga!
Pour fêter ses 8 mois, Nina a enchaîné ses premiers pas à quatre pattes, sa première dent et… sa première gastro! Petite joie de la vie en communauté, la Miss a travaillé fort du côté de ses défenses immunitaires. Nous voilà déjà à 5 rhumes depuis sa rentrée… L’automne aura été une longue saison de morve et l’hiver s’enligne pour jouer les duplicatas!
Si je pouvais faire un petit aller-retour dans le passé pour rassurer l’Anne-Laure angoissée que j’étais début septembre, je lui dirais de foncer sans se poser de question. Cette période de transition entre la rentrée à la garderie de Nina et ma propre rentrée au bureau était juste parfaite. Nous avons pu prendre notre temps et gérer avec bien moins de stress la fameuse période d’angoisse de séparation, les attaques microbiennes et les premiers épisodes neigeux. Ça aurait été bien plus compliqué de jongler avec tout ça en parallèle d’un retour au travail. Moralité: la vie fait donc parfois très bien les choses!
Cette saison aura aussi été l’occasion pour Nina de suivre ses premiers cours de natation, d’aller cueillir ses premières pommes et d’enfiler son premier costume d’Halloween. Nous avons aussi dit bye à Lincoln, notre petit vieux chinchilla, alors que Nina commençait à interagir avec lui.
Décembre – Premier Noël et nostalgie
Il y a de nombreuses traditions que j’avais hâte de transmettre à Nina, comme décorer notre sapin ou faire avancer jour après jour ce petit Père Noël en tissu dans le calendrier de l’avent de mon enfance. Et d’autres que j’avais encore plus hâte de découvrir avec elle, comme les petits cadeaux clins d’œil que l’on glisse dans les bas de Noël. Je m’en suis donc donnée à cœur joie aussitôt décembre entamé! On a décoré le sapin, fait l’empreinte de sa main dans la pâte à sel pour créer un nouvel ornement unique, décoré notre couronne, rencontré le Père Noël et la Mère Noël, célébré avec plein d’amis, enfilé des pyjamas aux couleurs saisonnières, observé les illuminations, écouté Michael Bublé et déchiré du papier cadeau.
Nous avons profité de ces deux semaines de vacances festives pour nous retrouver à nouveau tous les trois et reformé cette petite bulle dans laquelle nous avions commencé notre nouvelle vie. Entre une escapade chalet entre amis, du repos et les réveillons, j’ai réussi à ne pas trop penser à la reprise. Mais depuis l’arrivée de la nouvelle année, le grand moment semble se précipiter et il devient plus difficile de ne pas cogiter à ce bel épisode sur le point de s’achever. Même si je n’aurais pas souhaité prolonger mon congé davantage, la nostalgie me rattrape. Dès que j’ai un moment de libre, je me retrouve à compléter mon petit montage vidéo 1 second everyday débuté à la naissance de Nina ou à remplir les albums photos de souvenirs de cette année sans pareille.
Janvier – La reprise
La boucle est bouclée. Ce soir, je vais soigneusement choisir ma tenue de rentrée, remplir ma boîte à lunch et serrer Nina encore plus longtemps et plus fort que d’habitude. Demain, je vais pouvoir désactiver ce message d’absence qui répond à ma place depuis 44 semaines. J’ai un peu l’impression d’être sur ce grand plongeoir à la piscine, tout là-haut au sommet de l’échelle. J’ai les jambes qui flageolent, le ventre noué et une petite boule dans la gorge. Mais si je souffle profondément et que j’ose regarder en bas, je peux voir les précieuses collègues qui m’attendent dans l’eau et me font signe de sauter, Monsieur qui me sourit depuis les gradins, et Nina qui barbote, confiante, dans le petit bassin avec ses amis de la garderie. Et je sais qu’une fois que j’aurais fait Plouf!, je n’aurais qu’une envie… remonter et recommencer. Alors, souhaitez-moi bonne chance et criez-moi « ALLEZ, PLONGE! »
3 commentaires
Couraaaaaage !
Je suis dans le même cas que toi, reprise demain mais après un arrêt de 7 mois…dur dur mais ça va le faire et on sera ravies de retrouver une certaine sociabilisation 🙂
Hello! Merci pour cet article très intéressant.
Nous venons d’adopter une petite fille de 4 mois, elle est arrivée le 18 décembre à la maison.
Je compte m’arrêter jusque septembre pour m’occuper d’elle et créer le lien indispensable à sa bonne intégration. Je suis étonnée de lire que les droits des parents bio et adoptifs sont différents au Canada.
J’avoue que j’appréhende cette période d’arrêt, j’occupe un poste à responsabilité et je me suis arrêtée du jour au lendemain…enfin, le plus important est l’épanouissement de ma petite fille
Tellement chouette article !! Tu as fait le plus dur ! Bonne rentrée Anne-Laure, à toi les pauses-dèj vitaminées 🙂