Par une belle soirée de décembre – le 8 précisément -, alors que Madame la Lune hissait ses gracieuses rondeurs par delà le ciel étoilé, Alice, qui tournait en rond dans son Pays des Merveilles, eut envie de découvrir d’autres contrées.
Combien de fois lui avait-on vanté le charme et la beauté de la Ville Lumière ?
À peine ces souvenirs poétiques eurent-ils refaits surface dans son esprit, elle décida d’aller contempler de ces propres yeux ces joyaux nocturnes dont elle avait tant entendu parler. Avec toute la discrétion dont elle savait faire preuve, elle se glissa dans les cales de la péniche du Charpentier, attendant patiemment que celui-ci daigne voguer sur les eaux du Fleuve.
Les secondes s’écoulèrent…
Les minutes passèrent…
Lassée d’attendre le départ, Alice se recroquevilla dans un coin et s’assoupit, bientôt bercée par le remous des vagues léchant la coque. Soudain, la péniche s’immobilisa et Alice fut arrachée de son sommeil par une succession de pétarades semblables aux accès de colère de la Reine de Coeur. Tremblotante, elle s’extirpa du bateau en quatrième vitesse avant de poser ses yeux sur la splendeur responsable de tout ce capharnaüm.
Dans l’obscurité de la nuit, des jets de couleurs incendiaires embrasaient les cieux. Tour à tour or, améthyste ou émeraude, chaque explosion touchait ses tympans d’une onde détonante.
Sous ces rayons multicolores, une épaisse brume se déployait à travers le ciel ; comme si un puissant dragon en mal de flammes fulminait depuis les profondeurs de son antre.
– Aucun doute, se dit Alice, me voici dans la Ville Lumière !
Avide d’en apprendre plus sur ce monde illuminé, et de discuter avec ce dragon mal-luné, elle s’engagea sur le chemin le plus proche, bien loin d’imaginer toutes les curieuses rencontres qui allaient suivre…
Dans cette ville, les chenilles n’étaient pas bleues et ne fumaient pas le narguilé.
Non, de couleur verte et rassemblées en troupeau longiligne, elles se laissaient onduler au gré des courants aériens.
Les rois essayaient d’échapper aux griffes de leur reine hystérique en s’inspirant de l’invention farfelue de Carl Fredricksen.
Le sourire du chat de Cheshire s’effaçait pour laisser place au regard pénétrant d’invisibles créatures.
Les indiens, partis chasser le gibier, avaient laissé leurs totems allumés pour les guider sur le chemin du retour.
Les étalons sauvages galopaient en liberté et défiaient l’apesanteur dans l’immensité d’une place appelée Terreaux.
Les grands enfants, excités par les nuances phosphorescentes et les bruits métalliques d’un flipper géant, délaissaient les cartes à jouer et se pressaient pour dresser la balle et dompter sa trajectoire.
Caresser les étoiles devenait possible, même sans champignon magique. Pour cela, il suffisait de grimper dans cette machine sphérique et clignotante.
Dans un parc, aux allures de forêt enchantée, les arbres étendaient leurs ombres tandis que des pommes fluorescentes n’attendaient que d’être croquées.
Enivrée par tant de beautés étincelantes, Alice sentit ses genoux l’abandonner ; quand soudain, une voix caverneuse la rappela à la réalité. Devant elle, un majestueux dragon aux tons incandescents venait de se poser, lui murmurant qu’elle s’était fourvoyée.
Dans la Ville Lumière, jamais elle ne s’était promenée.
Si les illuminations étaient bien à l’honneur de cette fête où elle s’était invitée, c’était à Lyon -et non à Paris – qu’elle avait traîné ses pieds.
Aussi majestueuse la Ville Lumière puisse-t-elle se trouver, Alice, par cette fortuite découverte, fut plus qu’émerveillée !
25 commentaires
cette nuit est magique ! J’adore la photo avec les ballons que de belles couleurs.
Oui, on se serait cru dans « Up » au pied de cette statue !
Tes photos sont magnifiques! Tous les ans la fête des lumières de Lyon me donne envie de venir mais bien entendu je ne suis encore jamais venue… L’année prochaine peut-être.
Et puis, jolie texte!
Merci Emma !
J’espère que tu auras l’occasion de venir partager la Fête 2012 et d’en prendre plein les pupilles !
Très beau ton texte. Je n’y suis pas allée cette année. L’année dernière j’y habitais, donc c’était pratique. C’est bien dommage, ç’avait l’air bcp mieux que l’an dernier !
Merci pour tes compliments !
L’année dernière, c’était à mon tour de manquer la Fête ; mais d’après les échos que j’ai eu, ils se sont rattrapés sur les Terreaux pour cette édition 2011.
Très joli texte !
Nous pourrons faire une comparaison photographiesque, les miennes sont prévues pour demain :).
mais que j’aime Lyon (et Nowel… :))
Merci Miss !
J’ai hâte de découvrir tes photos pour rencontrer les autres créatures qui ont peuplé la ville durant ces 4 jours illuminés. 🙂
C’est SUPERBE j’aurais voulu voir ça, surtout pour le côté féérique d’Alice 🙂 merci d’avoir retranscris ça pour nous, bisous bisous!
Si tu veux venir l’an prochain, je t’accueille avec grand plaisir pour te faire découvrir cette magie !
Tes photos sont de toute beauté, j’aimerai voir un jour de mes propres yeux cette fameuse fête des lumières!
2012 sera peut être la bonne ! 😉
Et après ce délicieux billet, tu n’as pas été contacté pour travailler au service com de la ville de Lyon ? ^^ Non, sérieux, c’est sublime, les photos et ton texte …
Merci encore pour ce charmant commentaire qui me touche beaucoup et me donne envie de continuer à taper du clavier ! 🙂
Arf, j’ai loupé le feu d’artifice mais sinon, cette soirée du 8 décembre était parfaite.
J’aime encore plus ma ville ce soir là car j’aime voir tous les lyonnaises et lyonnais déambuler dans les rues, les yeux plein d’étoiles et parler entre eux des différentes animations à voir aux 4 coins de la ville.
Oui, Lyon est définitivement la Ville Lumière.
Merci pour ces sublimes photos !
Ne t’inquiète pas, tu n’as pas loupé grand chose en passant à côté du feu d’artifice… Il ne valait pas celui du 14 juillet !
Je suis totalement d’accord avec toi ; durant ces 4 soirs magiques, les lyonnais se retrouvent et échangent comme jamais ils ne prennent le temps de le faire. Et qu’est-ce que ça fait du bien de voir une ville vivante un dimanche soir ! 🙂
Il est super ton article ! 🙂
Et tes photos aussi d’ailleurs.
[…] en situation… Par une belle soirée de décembre (non, je ne vous refais pas le coup de la Fête des Lumières ; laissons Alice tranquille), la France entière se retrouve devant son petit écran pour élire sa […]
Tous ces ballons me donnent soudainement envie de revoir Là-Haut, pour retrouver Carl, Ellie, Russel, Doug et…Kévin ♥ (qui est une fille ^^)
Quel texte inventif, joyeux et bien écrit; un plaisir à lire!
Merci beaucoup ! J’ai pris du plaisir à l’écrire alors je suis heureuse que sa lecture séduise.
Lyon et la Fête des Lumières, cela doit être quelque chose ! Un jour, je le verrais peut-être de mes propres yeux, qui sait ?
Je serais ravie de t’accueillir dans mon humble chaumière pour que tu puisses découvrir tout ça, entre deux croquants aux pralines :p – comment ça j’essaie de te prendre par les sentiments ?! 😉
[…] les artistes pressés de partager leurs surprenantes créations. D’ici quelques heures, la Fête des Lumières étendra son voile enchanté sur la […]
[…] un peu la magie de cet instant, je vous invite à remonter le temps et vous immerger dans la Fête des Lumières 2011. […]