Cet été, nous avons profité du long congé parental disponible au Québec pour rentrer 6 semaines en France. Une occasion assez rare de passer du temps auprès de notre famille et de nos amis du vieux continent, sans avoir l’impression de courir un marathon infernal.
Pour une fois, pas besoin de vivre dans les valises, de sauter dans un train tous les 3 jours ou de tenir le même discours à chaque nouvelle rencontre car on n’a pas le temps de pousser les discussions au-delà des dernières actus.
Avec en prime un bébé de 5 mois à présenter – non sans une certaine fierté! – c’était le pied de pouvoir prendre le temps! (Bon je vais être honnête, c’est quand même passé super vite!)
Cela faisait deux ans que nous n’étions pas rentrés. Deux ans, c’est finalement peu dans une vie. Mais c’est assez pour perdre certains repères et s’étonner de choses qui nous semblaient acquises et bien ordinaires quand nous vivions en France. Comme devoir faire ses courses avant le dimanche midi, considérer le lundi comme un cousin du dimanche, ou encore oublier de peser ses fruits et légumes avant de passer à la caisse du supermarché… Deux fois (salut les glandus!)
J’ai aussi été surprise de sentir des gens fumer en terrasse des restaurants (chose désormais interdite au Québec), de voir les feux de circulation de notre côté du carrefour (et pas en face), de constater que le petit bonhomme piéton qui nous ouvre le passage est vert (et non blanc) et qu’aucun compte à rebours ne nous presse le pas.
Dans la même thématique routière, les rues m’ont semblé si étroites mais tellement lisses comparées aux avenues montréalaises criblées de nids de poule! Lors de nos pérégrinations, nous avons réussi à nous tromper de route suite à une confusion dans la couleur des panneaux… Et oui, les autoroutes françaises sont indiquées en bleu et non en vert comme par ici!
Enfin, sur une note moins rigolote, j’ai été estomaquée d’être arrêtée à l’entrée d’un supermarché pour cause de port de sac à dos – l’ombre des attentats plane vraiment partout…
Quant aux villes que nous avons visitées, elle m’ont semblé manquer cruellement d’arbres.
Mais à côté de ça, quel bonheur de trouver des boulangeries à chaque coin de rue, de commander un menu du jour pour moins de 15€ taxe et service inclus, d’acheter une bouteille de bon vin à 5€ la bouteille (sérieux, 5€ les gars!), de pouvoir amener son enfant dans un bar (chose inconcevable au Québec où la loi interdit à tout mineur d’entrer dans un bar ou une brasserie, même s’il ne consomme pas d’alcool) ou encore de retrouver et découvrir tous ces produits gourmands (coucou le St Marcellin, la Mousse au chocolat Michel & Augustin, les Marrons’suis, les Kango, les yaourts Mamie Nova, les Curly, le Citeaux, la tropézienne, les quenelles, la cervelle de canut, le jambon-emmental, les bo bun, la Praluline, etc.)
J’ai parfois l’impression que depuis notre expatriation à Montréal nous naviguons entre deux eaux. Comme si nous étions coincés dans une faille spatio-temporelle en plein océan Atlantique avec d’un côté la France et de l’autre le Québec.
Notre fond de culture – références télévisuelles, cinématographiques, musicales et politiques en tête – est français, mais la majorité des nouvelles connaissances que nous acquérons sont québécoises. Nous sommes beaucoup moins au fait des dernières répliques cultes, nouvelles personnalités ou nouveaux mots d’argot qui font leur apparition en France. Par exemple, je ne connaissais même pas la moitié des participants de la nouvelle saison de Je suis une célébrité, sortez-moi de là! (Bon pour le coup, ce n’est peut-être pas un mal!)
Nous ne sommes donc plus à jour des références françaises mais nous n’avons pas non plus toute la base culturelle québécoise (et nous ne l’aurons jamais complètement, même si on s’intéresse de près à notre pays d’adoption). C’est une drôle de sensation!
De même, nous avons des amis chers des deux bords de l’océan. Peu importe où nous vivons, il y en a toujours qui nous manquent/manqueront. Quant à Nina, elle ne grandira pas avec ses grands-parents, tantes et oncles géographiquement proches d’elle, mais elle se construira dans un pays où elle peut porter une jupe sans se faire traiter de salope. Et je crois que ce dernier point vaut tous les petits coups de blues générés par les au-revoirs.
La France coule dans nos veines et le Québec fait battre notre cœur. Alors que l’on soit d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, on aura toujours le cul entre deux chaises. C’est peut-être ça d’ailleurs la croix de l’expatrié… avoir le cul entre deux chaises.
11 commentaires
Mille fois d’accord avec toi
« salut les glandus! ». J’ai ri 🙂
Hahaha on s’est senti tellement con quand ça nous est arrivé pour la deuxième fois… avec la même caissière! (De vrais boulets!)
Ô comme je me retrouve dans tes propos!!!! Je me sens sans cesse tiraillée, ne sachant pas vraiment à quel pays j’appartiens…
Je redoute un retour prochain en France pour tout ce que tu as décrit et pour le comportement des français qui ne me correspond/convient plus. J’attendais avec impatience ton retour de vacances et d’expérience…
Merci pour ce beau résumé
Superbe article! je dois dire quand même que de plus en plus, ma famille me manque. Bientôt maman (fin octobre ) quand je vois mes deux petites nièces ou mes sœurs passer autant de temps ensemble pendant les vacances (elles vivent sur une île différente Martinique ou Guadeloupe) , ça me fait quand même un peu mal au cœur de me dire que mon boubou n’aura pas cette occasion de pouvoir côtoyer ma famille ou même celle de mon conjoint congolais aussi souvent.
Je te comprends. Devenir maman remet beaucoup de choses en question, et notamment l’éloignement de la famille. Je vous souhaite de trouver un compromis qui vous convienne!
Coucou Anne-Laure,
Je trouve ton texte d’une grande justesse 🙂 le minuscule point qui m’a fait sourciller c’est celui sur le port de la mini jupe et l’insulte … c’est quand même de moins en moins automatique, il y a un gros travail qui est en train d’etre fait pour changer les mentalités. Et je trouve, de plus en plus d’acceptation. Parole de la fille qui vivait au Québec, il n’y a encore pas si longtemps et qui voit quand même la société française se transformer. Lentement mais sûrement. Et côté clope, on va bientôt être bien en terrasse et pouvoir être non fumeurs et non gênés. Xxx
Super! C’est une belle nouvelle de voir que les choses évoluent dans le bon sens. Je trouvais ça tellement pénible et usant!
Ahh quelle fait du bien cette balade sur la Rue Rivard! À part pour la cervelle, je suis bien d’accord avec toi!
La cervelle de canut, c’est un fromage frais (type faisselle) à la crème et aux fines herbes. Moi non plus, je ne serais pas d’accord avec la cervelle!
Très bon texte, merci du partage. Difficile de me prononcer sur bien des aspects de votre texte, étant Québécois de souche, mais je comprends les tiraillements que vous vivez. Une chose est sûre, chez nous c’est chez vous 🙂 ! Bienvenue au Québec!