Ce rêve un peu fou

Tout a débuté un jour de mai. Nous avions pris des vacances au soleil après un second hiver montréalais et une période intense au travail. Sur ce caillou au large de Cuba, notre quotidien était fait de sable blanc, de mer turquoise et d’une pile de livres à dévorer. Je crois que je n’ai jamais lu autant en si peu de temps! Coupés du monde réel, vivant d’amour, de mangues et de mojitos frais, nous sommes sortis de ce petit paradis pour visiter un bout de pays d’une autre époque. C’est là que l’idée a germé, dans un bus ralliant Cayo Santa Maria à La Havane.

Je ne sais pas si c’est venu du guide de voyage tout juste parcouru, avec ses histoires de pirates sur les côtes cubaines. Je ne sais pas si, pour changer, j’avais encore faim, et je pensais à ce que nous allions pouvoir déguster dans les rues de la capitale. Mais sans prévenir, ce petit pirate qui ne sait pas cracher, qui a peur des perroquets et qui veut juste devenir cuisinier est apparu dans mon esprit. Il a très vite trouvé son nom: Moustique. Et il m’a très vite séduite. Au point de ne plus me quitter pendant 7 ans.

Et si j’écrivais un livre à partir de ce personnage? L’idée m’a fait sourire alors que je prenais des notes sur ce carnet qui traîne toujours dans mon sac. « Et pourquoi pas? » m’a répondu Monsieur. Ben oui, pourquoi pas? Le projet était lancé et le rêve de voir un jour Moustique prendre vie sous les yeux de jeunes lecteurs était gravé dans mon cœur. Un rêve un peu fou, mais pas impossible!

Nous sommes rentrés de Cuba. Puis nous sommes revenus en France, deux ans de vie québécoise dans les valises et ce petit pirate au bout de ma plume. Lui et moi, on a évolué ensemble. Il m’a tenu compagnie ces jours où mes missions de freelance se faisaient maigres, m’occupant l’esprit et m’empêchant de culpabiliser de ne pas travailler au même rythme qu’une employée. Il m’a faite voyager sur les mers turquoise des Caraïbes depuis mon appartement du troisième arrondissement de Lyon. À travers des heures de recherches, j’ai découvert de quoi pouvait être fait son quotidien. Il a parfois surgi dans mes pensées sans prévenir et m’a rejoint à la terrasse d’un café de Koh Tao, dans le jardin d’une maison de campagne en Ardèche ou encore sur un tapis de course d’une salle de sport. Il nous a guidés, mes crayons et moi (il y a eu bon nombre de réservoirs d’encre vidés!), au fil de ses aventures. Et un jour, j’ai posé le point final.

Voilà, Moustique avait vécu sa première aventure. Et ensuite? Le moment crucial de le confronter à des premiers lecteurs était venu. Mon amoureux, ma mère, mes amies… On dit toujours qu’il faut choisir quelqu’un qui saura rester objectif pour vous relire et vous juger. Mais j’avais déjà besoin d’être en confiance, avec mon écriture et avec moi-même. Les premiers retours sont tombés. Plutôt positifs, mais aussi constructifs (un GRAND merci à vous quatre!) Une première phase de réécriture s’est jouée en parallèle du travail, de l’organisation de mariage et du nouveau départ pour Montréal.

Et alors que je m’apprêtais à envoyer mon manuscrit à des éditeurs, j’ai appris que Gallimard organisait une nouvelle édition de son concours Premier roman jeunesse. La suite, vous la connaissez (vous pouvez aussi vous rattraper ici)… Mon Moustique a été sélectionné parmi les trois finalistes du concours, mais il n’a pas remporté le premier prix. Il m’a fallu un peu de temps pour digérer la nouvelle. L’annonce des finalistes du concours avait placé mes attentes bien plus haut que jamais je n’avais osé le faire. La chute a donc été difficile. Mais elle ne m’a pas arraché mon rêve un peu fou.

J’ai donc remonté mes manches, je me suis faite tatouer et j’ai profité des week-ends et de l’horaire d’été à mon travail pour retravailler une nouvelle fois mon manuscrit. La persévérance a payé! En ce début d’année, j’ai trouvé un éditeur heureux de me suivre dans mon projet et de m’aider à concrétiser ce rêve un peu fou. Vous l’annoncer rend la chose encore plus réelle!

Je ne vous mentirai pas. La traversée aux côtés de Moustique n’a pas toujours été facile. J’ai parfois mis mon manuscrit de côté pendant des mois, faute de temps ou de confiance. Il m’est arrivée de le détester aussi, quand il m’a volé mes soirées et mes week-ends. Mais je ne lui en veux pas. Il en avait besoin et je l’aime encore plus maintenant.

Il ne me reste qu’à savourer… et à vous annoncer officiellement que mon premier roman jeunesse, Moustique Lagrogne et le jour du Cache-Œil (titre provisoire), va être publié aux éditions Castelmore (filiale jeunesse de Bragelonne). Il sortira en France à l’automne.

Le pitch: Moustique Lagrogne n’est pas un jeune pirate comme les autres… Il a beau être l’héritier de deux grandes familles de forbans, il ne sait pas cracher, a une peur maladive des perroquets et n’a aucun intérêt pour les lames tranchantes si ce n’est pour découper de gourmands desserts. Depuis toujours, Moustique rêve d’être cuisinier. Tout l’inverse de sa sœur jumelle, qui, elle, rêve de devenir capitaine. Mais leur père, le célèbre capitaine Fynn Lagrogne, ne l’entend pas de cette oreille, et les jumeaux devront surmonter bien des épreuves pour espérer gagner leur liberté.

C’est tout ce que je peux vous dire pour le moment. Mais si ça vous intéresse, comptez sur moi pour vous tenir au courant dans les mois à venir!

Et d’ici là, accrochez-vous à vos rêves, croyez-y fort et tentez votre chance. Parce que qui sait, ils pourraient bien se réaliser!