Chambouler ses repères, c’est l’un des défis d’une expatriation. Une belle façon de mettre à l’épreuve son humilité et de s’offrir chaque jour son lot de découvertes. Quand des réflexes sont ancrés en soi depuis plus de 30 ans, c’est toute une aventure de les adapter à sa nouvelle terre d’accueil.
Le Québec a beau parler français, ce n’est pas la France. Les habitudes, les mœurs et les coutumes sont toutes autres. Et c’est là tout l’intérêt de s’y installer pour un bout de chemin. Vive la nouveauté au quotidien !
Ce changement des règles du jeu se cache partout… Dans les subtilités d’une langue que l’on pensait maîtriser ; dans les relations aux autres que l’on apprend à tisser ; dans les allées de ces épiceries et fruiteries que l’on parcoure les yeux grands ouverts ; jusque dans la quête d’un nouveau nid où poser ses valises et faire livrer ses cartons. Voici un jeu auquel nous nous sommes prêtés tout récemment.
Il y a plus de 6 ans, lorsque nous avons débarqué à Montréal avec nos 4 valises et notre visa vacances-travail, nous reprenions l’appartement d’amis que le point de rentrer au pays. Un appart biscornu, mais chaleureux, dans lequel nous sommes restés près de 2 ans. Nous ne nous étions donc jamais livrés à la recherche d’un logement à louer au Québec. Jusqu’au mois dernier… Et quand on a l’habitude en France d’écumer PAP et les sites des agences immobilières à la recherche d’un T3, l’approche montréalaise est quelque peu différente. Laissez-moi vous la présenter !
Étape 1 : louchez sur le calendrier
Traditionnellement au Québec, les baux résidentiels sont d’une durée d’1 an et courent du 1er juillet au 1er juillet de l’année suivante. Les locataires qui ne souhaitent pas renouveler leur bail doivent donc signifier leur départ à leur propriétaire courant avril pour que celui-ci se mette en quête de nouveaux locataires. Les locataires qui souhaitent déménager à une autre date doivent céder leur bail ; c’est à dire retrouver quelqu’un pour reprendre leur bail jusqu’à la fin de son échéance au 1er juillet. Un grand nombre de logements sont donc mis sur le marché entre avril et juillet. Pensez-y !
Si comme nous vous débarquez à Montréal mi-août, il sera peut-être plus difficile de trouver un appartement. En tout cas, il y aura moins de choix qu’au printemps ou qu’à l’automne bien entamé. C’est pourquoi nous avons pris la décision de trouver un appartement pour juillet, quitte à payer le premier mois de loyer pour rien (on compte sur la caution de notre appart lyonnais pour nous le rembourser !)
Étape 2 : définissez le nombre de pièces
Vous pensez rechercher un T3 avec son salon et ses deux belles chambres ensoleillés. Oubliez vos acquis ! Ici, vous chercherez un 4 1/2. Un quoi ? Oui oui, un 4 1/2. Au Québec, le compte des pièces composant votre cocon est tout autre. Chaque pièce compte pour 1, y compris la cuisine. Si par hasard votre salon est en réalité un salon double, il comptera pour 2 pièces ; peu importe si aucune porte ne permet de le scinder en 2. Et le demi, c’est pour la salle de bain.
Ainsi, un studio sera un 1 1/2.
Un T2 avec son salon-cuisine, sa chambre séparée et sa salle de bain sera un 2 1/2.
Un T2 dont la cuisine est séparée du salon deviendra un 3 1/2.
Un T3 avec ses deux chambres séparées ou sa chambre double, sa cuisine, son salon et sa salle de bain sera un 4 1/2. Notre Graal pour ce séjour printanier à Montréal !
Étape 3 : listez vos critères
Se trouver à moins de 10 minutes de marche d’une station de métro ? (ça peut vous sauver l’hiver et vous donner une toute autre image de la vie en cette saison).
Avoir un balcon ou une terrasse pour profiter des beaux jours et faire chauffer le barbecue tout l’été ? (même si Montréal regorge de nombreux parcs et que vous pouvez y apporter votre BBQ)
Avoir 2 chambres bien fermées et non pas 1 grande chambre double ? (le nombre de pièces est le même dans les 2 cas ; mieux vaut donc se renseigner – surtout si vous cherchez à vous mettre en coloc !)
Avoir une entrée laveuse-sécheuse dans l’appartement ? (oui, tous les appartements montréalais – surtout les anciens immeubles du Plateau – ne sont pas équipés de la tuyauterie nécessaire pour accueillir un lave-linge. À vous de voir si vous vous sentez d’aller à la laverie un dimanche soir d’hiver par -25°C !)
Bref, listez tous vos critères pour poser un maximum de questions au propriétaire avant même de convenir d’un rendez-vous pour visiter l’appartement. Ça vous évitera de perdre votre temps !
Étape 4 : écumez les annonces en ligne, et en ville
Oubliez la Bon Coin, ici ce sont Kijiji et Craigslist qui règnent en maîtres sur le royaume des petites annonces en ligne. Le premier étant davantage utilisé par les francophones et le deuxième étant plutôt un réflexe anglophone. Votre quête vaut bien un peu de bilinguisme ; surveillez les deux sites et créez-vous des alertes. Car en ligne, ça peut aller très très vite. Une annonce aperçue le matin peut avoir trouvé preneur dès la fin de la journée. C’est pourquoi il vaut mieux dégainer rapidement. Une annonce vous parle ? Appelez ou e-mailez et visitez au plus vite. Le premier visiteur est prioritaire sur les suivants. C’est à dire que même s’il réagit après le second visiteur pour déposer son dossier, c’est lui qui prime. On en a d’ailleurs fait les frais sur un premier coup de cœur. Alors foncez !
Autre moyen très efficace de dégoter la perle rare… Vous promener dans la rue à la recherche des panneaux À louer. Sillonnez les quartiers qui vous intéressent, rue après rue, et levez le nez. Nombreux sont les propriétaires qui n’ont pas le temps ou l’envie d’afficher leur bien en ligne. Ils préfèrent acheter une pancarte au Dollarama du coin (le magasin où tout oscille entre 1$ et 5$) et la fixer au balcon du logement à louer. Parfois la pancarte n’affiche qu’un numéro ; parfois elle présente des informations plus complètes qui vous permettent rapidement de savoir si l’appartement correspond à vos critères. Il ne vous reste plus qu’à appeler et visiter.
Étape 5 : visitez beaucoup
Comme en France, à loyer égal, les appartements peuvent aller du taudis au petit paradis. Il n’y a pas de règle si ce n’est la logique de l’intérêt personnel du propriétaire ! Alors n’hésitez pas à visiter, visiter et encore visiter. Ne vous découragez pas si après 5 visites vous n’avez toujours pas trouvé votre chez vous. De notre côté, on en a visité une bonne vingtaine (dont un rue Rivard mais qui ne s’est pas révélé optimal niveau luminosité) avant de trouver celui qui nous accueillerait pour une nouvelle vie.
Étape 6 : savourez cette confiance que l’on place en vous
Contrairement à la France, au Québec, on part du principe que vous êtes honnête. Et ça, ça change tout ! Oubliez le mois de caution, ici c’est illégal. Oubliez également les dossiers de cautionnement et dizaines de papiers à fournir pour prouver que vous pourriez acheter une villa sur le golf de Saint-Tropez mais que vous préférez louer un humble T3 dans un quartier populaire de Lyon. Oui, je garde encore le goût amer de ce retour en France et de cette quête infernale d’un logement auprès des agences immobilières lyonnaises (euh et non, je ne pourrais pas acheter une villa sur le golf de Saint-Tropez).
Pour savoir si vous êtes un locataire fiable, un propriétaire québécois pourra choisir d’appeler votre précédent propriétaire ou de mener une enquête de crédit (qui consiste à vérifier que vous êtes solvables et que avez toujours bien payer vos dettes). That’s it! Pas d’histoire de garants. Pas d’obstination sur ce maudit CDI.
Et quand vous n’avez pas d’historique de crédit sur le territoire canadien ? Votre propriétaire potentiel est humain, alors discutez. De notre côté, nous leur avons remis une lettre de notre régie (que l’on avait demandé en amont) attestant que depuis 4 ans nous payons bien nos loyers + un extrait de compte en banque affichant le montant de nos économies pour notre installation. C’est tout. Pas d’enquête plus poussée, pas de mois d’avance. Nos adorables propriétaires ont tout simplement entendu notre projet d’immigration et décidé de nous accompagner dans cette voie. Une véritable bouffée d’air qui fait le plus grand bien !
Donc voilà, après avoir suivi chacune de ces étapes, nous sommes les heureux locataires d’un 4 1/2 lumineux au cœur du Plateau Mont-Royal, avec 2 chambres fermées, cuisine toute équipée, grande terrasse pour profiter de l’été et accès au métro en 3 min 30 montre en main. J’ai déjà commandé le Kitchen Aid pour de futures recettes gourmandes cet hiver.
Rue Rivard déménage donc avenue de l’Hôtel de Ville !
20 commentaires
Merci ! <3
Avec plaisir ! Si tu as des questions, n’hésite vraiment pas.
Congrats :)) ça a l’air très chouette !!
Ouiiiiiii ! Je n’ai qu’une hâte… Aménager la cours pour bien profiter de la fin de l’été ! Et l’année prochaine, hop, jardin potager. J’espère avoir d’aussi jolies framboises que toi ! :p
c’est super intéressant de te lire ! et je suis ravie que vous ayez trouvé cet appartement (et qu’est ce que c’est bien de ne pas avoir de caution, garant, etc…)
Merciiii Virginie ! J’adore découvrir et expérimenter ces petites différences avec nos pratiques françaises. Surtout quand elles sont plus simples !
contente pour vous! c’est un `parcours du combattant mais ca vaut le coup!
J’avoue, la liste d’étapes a l’air impressionnante mais c’est en fait beaucoup plus simple (et carrément plus agréable) que de traiter avec les agences immobilières !
Ça me rappelle nos recherches… Pour notre second appartement, j’avais repéré l’annonce en début d’après-midi et on signait le bail le soir même… J’aime cette rapidité.
Bon retour par ici 🙂
C’est fou cette rapidité ! Et en même temps, c’est génial ; j’adore cette simplicité !
Un parcours pas loin d’être celui du combattant pour trouver un logement… sauf quand il s’agit de « remplir les papiers ». C’est tellement une galère en France. /:
En tout cas, c’est top que vous ayez pu trouver votre petit chez vous. Vous allez pouvoir arriver dans votre pays d’adoption en étant plus serein. 🙂
Ça a été tellement l’horreur quand nous sommes rentrés en France, comparé à cette dernière recherche. C’est quand même fou de galérer davantage dans son propre pays !
Mais là, je suis bien contente et j’ai hâte d’aménager notre nouveau chez nous !
Super ! Félicitation pour votre emménagement et bonne installation !
Quel beau quartier qui plus est…!
On a un peu fait nos maudits… Mais il est tellement chouette ce quartier !
Et une fois sur place, on prendra le temps de découvrir Beaubien, Rosemont et Villeray dont on nous a tant vanté les mérites. 🙂
Je suis contente que tu aies trouvé un appart! Il a l’air bien chouette! 🙂 Bises!
[…] tout ça, je peux vous dire que ma motivation est remontée à bloc pour poursuivre nos recherches d’appartement à Montréal ! Les filles ont réellement assuré. Et moi qui n’aime pas du tout être au centre de […]
Je sors tt juste de ma quête d’appartement à Montréal
Nous n’avons pas beaucoup cherché, pas assez je pense, nous sommes restés focus sur le premier 4 1/2 visité. On nous avait tellement dit que la proximité du metro était primordial, qu’on a presque regardé que ça!! (bon il y’a un balcon & une laveuse/secheuse au sous sol, on devrait s’en sortir ? ^^)
[…] Mardi, le début du marathon des démarches administratives a commencé. Notre première mission : récupérer notre numéro d’assuré social (NAS, dans le jargon local). Indispensable pour travailler, ouvrir un compte en banque ou souscrire un contrat d’électricité, ce numéro d’identification à 9 chiffres assure notre statut de résident canadien. Nous avons ensuite couru les différents opérateurs téléphoniques pour nous prendre au plus vite un forfait mobile. Et bonne surprise ! Les offres proposées ont bien évolué depuis notre dernier séjour au Québec. Plus de communications limitées à la seule zone de Montréal, plus d’option à payer pour avoir le répondeur, plus de minutes décomptées du forfait lorsqu’on est appelé. Quasi le grand luxe ! Pour terminer la journée sur une jolie note, nous avons récupéré les clés de notre nid montréalais dégoté au mois de mai. […]
Je dévore tes articles sur la résidence permanente. Charles (mon cher et tendre) et moi commençons à nous documenter sur l’expatriation à Montréal depuis cette semaine. J’adore les hasards de la vie… Alors que je furète ici et là en quête d’infos sur les démarches, art de vivre, les quartiers sympas où s’installer… voilà que ton blog défile dans mon fil Hellocoton. Bon dimanche et à bientôt 😉
Oh mais quel joli projet! Bienvenue par ici alors, et si tu as des questions n’hésite surtout pas. C’est toujours un plaisir de partager notre expérience et d’échanger sur le Québec!